Autres textes au hasard… – Frédéric de Foucaud

TONNERRE DE BREST

Je ne sais plus si sur Brest il pleuvait
mais je sais, j’étais pas « barbe à ras »
Non j’étais par hasard à raser
les murmures paranos de ma voix

Je guettais les cargos de la nuit
les culs secs à vapeur de Cherry
Mais ton ombre avait l’air Barbara
et le port écumait sous tes pas

Barbara t’es du tonnerre de Brest
Mauvais jour pour moi je prends la mer
Barbara y’a du tonnerre sur Brest
Mon amour pour toi me prend la tête

Les héros sur les hauts quais du vent
les Corto les Nemo les Haddock
te filaient en maquereaux au vin blanc
en rêvant de toi nue dans les docks

C’était comme si Brest était en guerre
et la nuit torpillait les couleurs
J’avais vaincu les culs, bittes et nerfs
De ton corps mon coeur était vainqueur

Barbara t’es du tonnerre de Brest
Mauvais jour pour moi je prends la mer
Barbara y’a du tonnerre sur Brest
Mon amour pour toi me prend la tête

C’était clair j’étais un vrai naufrage
médusé par tous ces coups de foudre
Sous le choc et le feu mis aux poudres
à mes yeux c’était un sabordage

Barbara t’es du tonnerre de Brest
Mauvais jour pour moi je prends la mer
Barbara y’a du tonnerre sur Brest
Mon amour pour toi me prend la tête

LE GOÛT DE L’EAU DE VIE

Elle a le goût de l’eau mais de l’eau de vie
comme l’eau elle fuit
et depuis des milliers de nuits
elle imprègne mes rêves de ses mélodies

Elle dit que c’est la vie qui a le goût de l’eau
Et elle me donne envie de l’aimer pour la vie
de l’aimer comme l’eau

Elle dit de la vie qu’elle ne dure qu’un jour
et elle vante le temps -haletant-
Elle module mes soupirs au goutte à goutte
elle ondule son corps comme une mélodie

Elle dit que c’est la vie qui a le goût de l’eau
Et elle me donne envie de l’aimer pour la vie
Elle a le goût de l’eau

J’avale une Shéhé-razade et j’en fais mon harem
paradis suprême

Elle dit que c’est la vie qui a le goût de l’eau
Et elle me donne envie de l’aimer pour la vie
Elle a le goût de l’eau

Elle a le goût de l’eau mais de l’eau de vie
et c’est pas des légendes non non non
elle dérive bateau-ivre et dés qu’elle tangue
elle ondule son corps comme une mélodie

DÉRIVE DES RIVES

Oh il revient de loin
celui qui volait haut
pour mettre les choses au poing
mais qui s’est mis k.o
ou celui qui toujours
se raconte des contes de fées
pour découvrir un jour
qu’il tient pas compte des faits

Dérive des rives, dérive des continents
oh tout arrive, tout est question de temps

Il se condamne amor
celui qui sans arrêt
pense à se tirer au sort
pour une grâce matinée
il est frère de nulle part
fuyant sa terre d’exil
pour aller au hasard
rêver de terres d’asile

Dérive des rives, dérive des continents
oh tout arrive, tout est question de temps

Il ne rêve que d’une femme
dans chaque pore de la peau
alors qu’il en affame
dans chaque port de la terre
mais quand il prend la mer
c’est parce qu’elle prend l’homme
et il part en galère
sur la route du rhum

Dérive des rives, dérive des continents
oh tout arrive, tout est question de temps

On le prend pour un crack
mais en fait il en prend
quand tout à coup il craque
oh personne ne comprend

TANT DE VIOLENCE DANS TES SILENCES

Si par hasard y’a trop d’idées noires
qui t’impressionnent
elles déteignent et et et
sans se faire la belle, elles te laissent à l’ombre
et tout s’enchaîne et et et c’est le bagne
ta dissidence au monde du silence
touché coulé tu t’y noies et tu sombres

J’te dis pas, y’a tant de violence dans tes silences
que je demande ça juste comme ça :
qu’est-ce tu penses de l’existence ?

Si par hasard tu vois le temps qui passe
faut lui demander
de s’arrêter et et et
dis lui de ma part qu’il te signifie
qu’il faut en finir et et et dis le lui
qu’on bénéficie d’une remise de peine
et s’il a la haine c’est le cadeau de mes soucis

J’te dis pas, y’a tant de violence dans tes silences
que je demande ça juste comme ça :
qu’est-ce tu penses de l’existence ?

Si par hasard tu arrives à passer
de l’autre côté
du miroir eh eh eh
laisse toi aller dans l’envers du décor
et à ton silence eh eh eh dis lui d’ma part
la transe en danse, les ailes dans la mouvance
et tous les songes des langages du monde

J’te dis pas, y’a tant de violence dans tes silences
que je demande ça juste comme ça :
qu’est-ce tu penses de l’existence ?

LÉGITIME DÉPENSE

On te dit sans arrêt
que tu dois dépenser
surtout pas penser
si tu veux exister

On te dit sans arrêt
qu’il faut posséder
et qu’il faut payer
pour mieux te posséder

je me dis quand je dépense que je suis
en arrêt de pensée
je me dis: je dépense donc je suis…
et j’arrête d’y penser

On est sans arrêt
toujours assommés
sommés de consommer
pour pouvoir compenser

je me dis quand j’y pense que c’est vrai je dépense
quand j’arrête de penser
et je dis quand j’y pense que c’est vrai je dépense
pour pouvoir exister

CAMELIA

Camélia vivait en sous-sol
en plein vague à l’âme
sous le métropole
et le macadam

Camélia dealait de la colle,
héro, dreupou, came,
coco, manicol,
en dose ou en gramme

Camélia venait des Antilles
pour vivre en sous-sol
accro à sa ligne
à Sébastopol

Came il y a dans le Metropol
Bémol en sous-sol
Came il y a sous le macadam
Drame de Paname
Came il y a et mort il y a
Arrêtez tout ça !
Arrêtez tous ça !

Camélia y perdait son âme
à force de neige
de keufs et de drames
si loin des îles vierges

Camélia fit une overdose
des quais du métro
Babylone cirrhose
d’un trip caniveau

Camélia jeta toute sa came
et son âme au diable
sous les roues d’une rame
à tête de crotale

Came il y a dans le Metropol
Bémol en sous-sol
Came il y a sous le macadam
Drame de Paname
Came il y a et mort il y a
Arrêtez tout ça !
Arrêtez tous ça !

UN MONDE LIBRE

Imagine… imagine que tout s’illumine
un soleil si libre
qu’il efface toutes les ombres
à la surface du monde…
Un monde libre qui scintille…

Imagine…imagine que l’on y devine
un tel équilibre
qu’il efface toute idée sombre
à la surface du monde…
Un monde libre qui scintille
qui instille la tolérance…
Un monde idéal sans non-sens…

Et j’avoue qu’elles me tentent
ces flammes ardentes

Imagine… imagine que tout s’illumine
un soleil si libre
qu’il efface toutes les ombres
à la surface du monde…
Un monde libre qui respire…

Imagine… imagine : tout s’illumine…
imagine…
une seconde dans notre monde
un soleil qui ne fasse pas d’ombres…
Un monde libre qui scintille
qui respire…

MISE A L’INDEX

J’aurais voulu t’écrire un texte
plein de mots doux d’amour avec
je n’ai pas les bons réflexes -ou presque
Je mets le doigt sur mes complexes

J’aurais voulu t’écrire un texte
un mot d’amour qui soit très sexe
un faux prétexte qui se délecte -en direct
du bout des doigts de mes complexes

Mise à l’index, tout est fait pour me mettre à l’index
Mise à l’index, je mets le doigt sur mes complexes
Mise à l’index, on ne fait que me mettre à l’index
Mise à l’index, je mets le doigt sur mes complexes

J’aurais voulu t’écrire un texte
un cri d’amour de cinq à sexe
mais ce contexte me rend abjecte
et à deux doigts de mes complexes

J’aurais voulu t’écrire un texte
plein de mots doux d’amour avec
mais je n’ai pas les bons réflexes -ou presque
Je mets le doigt sur mes complexes

Mise à l’index
Je le sais, tout ça n’est pas correct
Mise à l’index
Tu le sais, tout ça n’est qu’un prétexte

TAKE IT EASY

Y’a ceux qui ont la tête
en dessous de la ceinture
et qui vous inspectent
sous toutes les coutures

Y’a ceux qui projettent
dans le no futur
qui fument la moquette
d’un air pur et dur

T’es qui ? t’es qui ?
Take it easy… Tèkitizi

Y’a ceux qui promettent
des tas d’aventures
mais qu’ont trop de dettes
et de courbatures

Y’a ceux qui s’empêtrent
en voulant conclure
et qui font des têtes
de caricatures

T’es qui ? t’es qui ?
Take it easy… Tèkitizi

Y’a ceux qui soumettent
au fur à mesure
qui rêvent de conquêtes
et de créatures

Et y’a ceux qui mettent
mais au pied du mur
et ce qu’on leur souhaite
c’est qu’ils se le procurent

SI TOUT N’EST QUE VIOLENCE

Si les bruits de l’existence
sont pour toi de la démence
Si les cris en conséquence
te sont une vraie souffrance
Ne doute pas de toi, du bon sens
et bats toi pour la cohérence
Ne doute pas de ton influence
et bats toi pour la délivrance

Si tout n’est que violence
les bruits et le silence
Fais toi aussi violence
et bats toi pour aimer, aimer sans nuance

Si le prix de l’expérience
te semble un vrai contresens
Si l’habit de l’apparence
te donne envie d’insolence
Ne doute pas de ton élégance
et bats toi avec innocence
Ne doute pas de tes exigences
et bats toi pour la tolérance

Si tout n’est que violence
les bruits et le silence
Fais toi aussi violence
et bats toi pour aimer, aimer sans nuance

Si les fruits de tes espérances
ne sont pas assez immenses
Si la grisaille du silence
te semble être sans substance
Ne doute pas de toi, de ta chance
et bats toi pour la vraisemblance
Ne doute pas de ton importance
et bats toi pour la délivrance

Si tout n’est que violence
les bruits et le silence
Fais toi aussi violence
et bats toi pour aimer, aimer sans nuance